En route pour l'Afrique du Sud et la Namibie. En deux mois, j'ai eu l'occasion de traverser une belle partie de ces deux pays que tout oppose -ou presque-. Le premier s'avère être le pays le plus occidentalisé du continent, tandis que le second se découvre presque uniquement à travers des pistes non bitumées. Ce qui les rapproche: une faune dense exceptionnelle et des paysages spectaculaires encore préservés.

Namibie.

 

Nul autre pays ne m'a laissé autant cette impression de no man's land. Une terre qui appartient à la Terre, une nature que l'homme ne maîtrise pas mais qu'il occupe, avec néanmoins une densité parmi les plus faibles de notre planète.

Le désert, à 360°, mais un désert qui arbore une grande palette de couleurs, et une typographie variée: des dunes de sable orangé, les plus hautes du monde, à la savane aride ponctuée d'une végétation rase et sèche, les pistes nous conduisent à travers un immense territoire habité par une faune riche et ayant réussi à évoluer dans ces conditions hostiles. Dans le nord, à la frontière avec l'Angola, dans un cadre biblique de cascades et de baobas, les Himbas nous ouvrent leurs portes et nous invitent à échanger un bout de leur culture contre un peu de nourriture et de curiosité. Enfin, le parc d'Etosha, immense plateau aride, protège la faune la plus dense et variée du pays. Les plus grands félins d'Afrique se mêlent aux hordes de pachydermes, d'ongulés et autres mammifères incroyables.

Ce pays est un dépaysement extraordinaire, une ode à la liberté et à la vie sauvage, qui nous invite au respect, à l'émerveillement de ce que la terre peut nous offrir de plus beau.

 

C'est alors que l'obscurité enveloppait la brousse et le point d'eau se figeait devant nous. Le monde de la nuit allait prendre la relève, devant l'observation attentive de quelques voyageurs venus se poster sous les spots de lumière pour assister au spectacle imprévisible de la nuit. En plein parc d'Etosha, le rest camp de Halali offre l'occasion d'observer des scènes nocturnes uniques, et le silence des spectateurs en dit long. Durant plusieurs heures, postés derrière un petit muret de pierres surplombant le point d'eau éclairé, nous assistons au défilé émouvant d'une ribambelles de colosses: de la mère éléphante accompagné de ses deux jeunes, au rhinocéros blanc dont les contours imposants se reflètent dans la source au clair de lune, en passant par la visite des chacals et des hyènes, l'émotion nous prend aux tripes. Le silence de la savane et l'approche quasi muette des pachydermes restera sans doute le moment fort de ce voyage.


L'Afrique du Sud.

 

Pays le plus visité de l'Afrique Subsaharienne, la nation arc-en-ciel a de quoi se pavaner. Un littoral fabuleux et préservé, une culture marquée par les séquelles de l'Apartheid et l'arrivée des européens, des paysages spectaculaires de montagnes et de plaines, de vignobles et de désert, de plages et de forêts; mais aussi une faune exceptionnelle, qu'elle soit marine ou terrestre. Avec un fort potentiel attractif naturel et culturel, on ne peut pas s'ennuyer en Afrique du Sud. On se jette dans une cage face aux requins blancs, on déguste les merveilleux vins de la région de Franshoeck, on s'autoguide sur les pistes de Kruger à la recherche des plus grands félins, on se plonge dans l'histoire de Nelson Mandela à travers la prison de Robben Island, on randonne dans les montagnes du Drakensberg ou le canyon de Blyde...

Cela dit, j'avoue que je comptais surtout sur le pôle naturel pour me séduire, et c'est vrai que l'Histoire douloureuse du pays au temps de l'esclavagisme reste la principale empreinte culturelle du pays, donc pas extrêmement "fun"...

Après deux semaines de roadtrip, je me suis arrêté trois semaines dans un lodge, pour raison semi-professionnelle, afin de vivre une expérience unique de safari et de gestion d'une réserve privée. 

Retour en image sur ces 5 semaines fabuleuses.

 

C'est alors qu'au moment où le soleil nous proposait ses plus belles lumières, le spectacle animalier commençait. Une lionne couchée en bordure de piste sur la terre finissait sa toilette en se frottant le museau de sa grosse patte féline. Toute seule? Non, pas possible. Derrière, dans les buissons, deux têtes semblaient profiter d'un festin de roi autour d'une carcasse de buffle déjà bien entamée. Sans petits? Non pas cette fois-ci. Alors les lionceaux apparurent dans l'objectif, prenant part au repas avant de venir rejoindre leur maman toujours allongée à 5 mètres de nous, totalement dégagée de tout obstacle visuel.

Pendant une heure, nous assistions émus aux allers et venues de ces chatons et de leurs aînées, bercés par la plus belle lumière possible. Un vrai reportage national géographique dont nous étions les seuls spectateurs.

Puis, une fois que les félins eurent abandonné leur zone de jeu et de repas, les vautours quittèrent l'arbre qui dominait la scène et vinrent par dizaine arracher les viscères du malheureux bovin. Des coups de becs, des battements d'ailes et des craquements d'os dans tous les sens.

1h plus tard, le rideau se refermait sur cette scène incroyable.