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Afrique du Sud, Cap Nord: parc national du Kgalagadi - 2/4

Je vais consacrer un article entier à ce parc, tout simplement parce que nous avons fait de superbes rencontres et que par conséquent, j'ai un contenu photographique assez important ! 


Jour 1 : Zone sud, Twee Rivieren

Nous allons consacrer 5 jours et 4 nuits à ce parc, afin de nous laisser le temps de monter un peu au nord où, paraît-il, les félins sont davantage présents, et les humains davantage absents. Nous passerons une première nuit à notre arrivée dans le camp de Twee Rivieren avant de filer en direction de la Namibie pour dormir à quelques kms de sa frontière, dans le camp de Kalahari tented camp (jouxté à Mata-Mata). Nous rejoindrons ensuite la zone de Nossob pour revenir à Twee Rivieren et boucler la boucle, espérant rapporter de belles images et de beaux souvenirs.

 

Ce parc est différent des autres. Plus sauvage, plus aride, plus extrême. Au carrefour de la Namibie, du Botswana et donc de l'Afrique du Sud, le Kalahari étale son désert rouge orangé à perte de vue. Dans cet environnement de dunes de sable et de rocailles, d'acacias et d'arbustes secs, seuls les points d'eau artificiels permettent aux populations d'oryx, d'élands du cap, de gazelles et des autres, de subsister et d'offrir aux prédateurs un plateau de viande fraîche.

Voilà le décor est planté, maintenant place au safari. Ici, on peut trouver pas mal de choses, mais le parc est connu pour sa grande concentrations de félins, lions en particulier, mais léopards et guépards également. On y trouve aussi les hyènes brunes, les lycaons, et bien sûr tout un tas d'antilopes dont l'oryx est l'emblème. Les serpents et les scorpions sont bien présents, ces derniers ont même tendance à sortir dans les camps par temps venteux, et à venir s'abriter dans les chalets...

Pour notre plus grand bonheur, on observera de nombreuses chouettes et quelques hiboux.

Grand-duc de Verreaux
Grand-duc de Verreaux

Pour notre premier safari nocturne, nous aurons la chance d'observer -de loin- un grand-duc de Verreaux, le plus grand des rapaces nocturnes d'Afrique, mais aussi notre premier lion mâle. Seuls dans la Jeep avec notre guide, nous retrouvons les plaisirs du safari de nuit avec cet air un peu plus frais qu'en journée, et ces frissons quand le faisceau de nos lampes croisent des yeux brillants.

Sur le retour, nous croiserons nos premiers scorpions, en nombre, nous invitant à regagner assez rapidement notre chalet une fois descendus de la voiture de retour au campement, mais aussi à faire un double-check de tous les murs et de la literie...


Jour 2: zone ouest, Mata-Mata

Autant vous prévenir tout de suite, pour ne pas en décevoir certains: nous n'aurons pas de félins aujourd'hui.

En revanche, de superbes paysages de dunes et des scènes de vie magnifiques autour des points d'eau: gnous par dizaines privant l'accès aux quelques oryx malheureux mais téméraires, girafes se protégeant de la chaleur tant bien que mal, suricates toujours en mode sentinelle... et nous terminerons merveilleusement avec l'arrivée à notre camp non clôturé: une tente de luxe trônant en aplomb d'une rivière asséchée où viennent rôder les animaux nocturnes.

 

Mais avant cela, première observation de la journée autour d'un point d'eau convoité par les gnous et les oryx...

Puis nous arrivons à l'endroit d'un chalet en pierre positionné en haut d'une colline dominant le parc, et qui fut un abri durant la première guerre mondiale pour approvisionner les troupes britanniques contre les potentiels assaults des allemands, installés alors tout près, dans l'actuelle Namibie. Oui, des gens vivaient donc ici, dans cette petite maison rustique au milieu de nulle part, où les animaux sauvages rôdaient mais surtout, sous un climat de chaleur extrême...

Aujourd'hui, on y trouve un petit musée qui relate la vie des occupants il y a plus d'un siècle avec des photos et la reconstitution d'une petite chambre.

Autour, un no man's land...

Un peu plus loin, nous rencontrons l'un des emblèmes du désert du Kalahari, cette mangouste des sables qui vit en grands groupes familiaux et se réfugie dans des terriers la nuit: je nomme le suricate, la sentinelle du désert: toujours aux aguets sur ses petites pattes postérieures, vérifiant qu'aucun prédateur ne vienne troubler la communauté. Disney en a fait une icône avec son Timon, fidèle compagnon du gros Pumba (phacochère).

Petit pêle-mêle des paysages traversés... trouverez-vous le seul oiseau qui ne vole pas, ainsi que l'autour chanteur ? oui oui, autour, et non vautour. En plus il ressemble davantage à un aigle qu'à un vautour.

Le reste de la journée sera riche en observation d'un grand nombre d'espèces en petite quantité ! nous croiserons, sous une lumière de plus en plus belle, des gazelles de Thompson (Springbok), koudous, girafes, aigles, guêpiers et rolliers, autruches...


D'autres bestioles moins avenantes mais tout aussi spectaculaires ont croisé notre route. Et littéralement d'ailleurs: ce cobra du cap traversait devant nous, j'ai juste eu le temps de piler devant lui, ce qui l'a probablement agacé car il s'est dressé en un rien de temps pour faire sa fameuse position du cobra, collerette déployée pour m'intimider. S'il savait qu'un coup de pédale l'aurait réduit au néant... mais que nenni, il aura la vie sauve et filera à l'ombre d'un arbre pour s'y cacher. Dommage qu'il ne m'ait pas laissé le temps de l'immortaliser en photo lors de son intimidation. 

Comme chez les humains, les oiseaux ont tous un physique différent. Couleur de plumage, taille et envergure, forme du bec... alors on peut dire qu'on aura aujourd'hui fait un petit tour d'horizon de toutes les possibilités, ou d'une grande partie du moins. Du petit guêpier à l'immense autruche, du bec en crochet de l'aigle ravisseur au bec en forme de banane du zazou local (calao à bec jaune) en passant par la splendeur du plumage multicolore du rollier à longs brins, on s'est régalé !

Et avant d'arriver à notre camp, on observe les belles fesses de gazelles !

Nous terminons magnifiquement celle belle journée autour d'un amarula face à la savane, avant de déguster une bonne viande cuite au bbq. L'odeur n'aura pas échappé à deux chacals venus nous rendre visite et passant à 2m derrière mon dos! trop rapides malheureusement pour les avoir en photo. Nuit étoilée et concert de hyènes tirent le rideau du jour.


Jour 3 : zone centre, Nossob

Ces journées de safari dans le Kgalagadi sont relativement plus longues que celles à Kruger, par exemple, car les campements sont éloignés et peu nombreux: il n'y a donc pas de pause "déj-piscine" possible. Seuls quelques aires de pique-nique sont disponibles, mais pas grand chose d'autre à y faire.

Nous avons donc tout le loisir de passer du temps auprès des points d'eau pour admirer une faune qui se relaie constamment, se chasse, se jauge, se craint ou au contraire s'entraide. Ce matin, ce sera notre matinée girafes. Avec la belle lumière du début de journée, nous les observeront longtemps s'abreuver et partager le point d'eau avec les chacals. 

Le cou d'une girafe a beau être long, il ne l'est pas suffisamment pour qu'elle puisse brouter au sol ou boire à un point d'eau sans fléchir ou écarter les pattes. La plupart du temps, elles utilisent la technique de l'écartement des pattes de devant, comme ci-dessous.

Ce qui est assez drôle à regarder avec attention, c'est leur manie à rejeter un filer d'eau au moment de se redresser, comme si elles en avaient bu trop. Cela engendre des photos assez cocasses. J'aime beaucoup cette série.


À ce moment arrivent deux chacals (oui oui on dit bien chacals au pluriel). Prudents face à ces longs cous musclés, ils viennent au point d'eau presque à reculons, prenant leur courage à deux pattes: la soif ne les retient plus.

Le contraste des tailles est saisissant: bien que l'effet de profondeur biaise les mesures et fasse trompe l'oeil, le plan montrant la tête de la girafe bien plus grosse que le chacal lui-même est étonnant. Et quand la girafe se redresse en éclaboussant son voisin minuscule, la scène devient jouissive !


Et comme si nos pauvres chacals n'avaient déjà pas assez eu de frissons, il fallait que les gnous se ramènent...


Bon, pendant que les gnous égoïstes se partagent le point d'eau, chassant tout intrus, et se roulent langoureusement dans la terre, nos amis chacals repartent un peu la queue entre les pattes, l'estomac bien sec et le coeur palpitant !

Quant à nous, nous filons retrouver l'autre partie du parc, longeant la rivière Nossob et ainsi la frontière avec le Botswana.

Pour cela, il faut emprunter une route traversant un désert sans point d'eau, sans vallée. Pas le moment de tomber en panne !

Une fois parvenus de l'autre côté, on retrouve un peu plus de vie car les points d'eau artificiels réapparaissent. À l'ombre d'un arbre, le lion se repose. Mais les yeux bien ouverts, il guette. Passent non loin chacal et oryx, le regard braqué sur le félin qu'ils ont aperçu.

Ce soir notre camp nous offrira un beau moment en compagnie d'une lionne venue s'allonger au bord du point d'eau. Un cache d'observation nous permet d'être aux premières loges. Une chouette effraie des clochers viendra parfaire le tableau.

Nous faisons le safari de nuit car la zone semble être la plus propice pour les félins.

En effet, nous verrons plusieurs lions ainsi qu'un chat sauvage africain, notamment.


Jour 4: Nossob et retour à Twee Rivieren

Nous attendons beaucoup de cette nouvelle journée de safari. Peut-être parce que nous estimons que nos réveils matinaux le méritent bien. Oui, pour des gros dormeurs, se lever à 4h30 du matin requiert des efforts importants.

Aussi parce que les centaines de kilomètres s'enchaînent chaque jour, et que nous mettons toutes les chances de notre côté pour assister aux belles scènes de vie. Alors ce matin, comme le relate notre carnet de route, "les yeux piquent un peu mais le spectacle en vaut le coup".

Première observation intéressante: une hyène brune, bien plus rare que sa soeur la tachetée. 

Un peu plus loin, toujours selon nos mémoires: Augustin lance: "ce serait cool de voir un lion de jour", juste avant de croiser une énorme lionne tranquillement posée sur le bas côté de la route à quelques mètres seulement de nous. Bonne bouffée d'adrénaline quand elle se lèvera devant nous (...) vitre grande ouverte !

Cette scène restera bien gravée dans nos mémoires car nous l'avons partagée en toute intimité avec cette lionne.

Un peu plus loin, un point d'eau grouille de vie...

Et comme souvent, les gnous, bien plus nombreux que les oryx, repoussent les velléités de ces derniers aux abords du point d'eau. Mais cette fois, les oryx ne se laissent pas faire, et montrent leurs atouts: leurs immenses cornes peuvent faire du grabuge. Il n'en sera rien, ils battront en retraite face aux assaults ennemis.

Et quand ça grouille de vie, les fantômes de la mort ne sont jamais loin. Je nomme hyènes et vautours, aux aguets...

Pour terminer cette journée peu étouffée par les rencontres mémorables, nous croisons un beau grand-duc africain au pied d'un arbre.

Mais en revenant à notre chalet, nous avons la chance de pouvoir déguster un petit cidre sur notre terrasse, face à un coucher de soleil loin d'être vilain...


Jour 5 : zone sud, Twee Rivieren

Aujourd'hui, nous devons quitter le parc, car nous avons près de 6h de route pour rejoindre notre prochaine étape. Mais nous restons un peu sur notre faim en terme d'observations, de félins notamment. Alors nous décidons de repousser au maximum notre départ en profitant des heures les plus matinales pour retenter notre chance. Quelle bonne idée nous avons eue...

Une belle lumière à l'aube, un beau grand-duc à sa branche...

Mais plus loin, nous allons être récompensés de tous nos efforts, ceux qui nous font lever aux aurores, ceux qui nous enferment dans la voiture 10h par jour, ou encore ceux qui nous logent au milieu des araignées et des scorpions ! Oui, cette matinée à elle seule vaudra tous les enquiquinements d'un voyage.

Une lionne est ses 4 petits, sous une lumière parfaite, nous invitent à partager un long moment en leur compagnie. Ce que nous ne manquerons pas de faire, avec tout le plaisir du monde et des étoiles dans les yeux. Je préviens: malgré un tri mettant à la poubelle plus des 2/3 de cette scène, il en reste beaucoup...j'espère que vous ne serez pas lassés !

Les lionceaux jouent et se mettent des tartes, avant de retrouver la douceur de leur mère pour quelques caresses ou léchouilles.

Nous comprendrons plus tard ce qui motivait la présence de cette jolie troupe dans les parages: en dehors du point d'eau, il y avait bien une histoire de nourriture aussi: et c'est la mère qui en apporte la preuve, avec cette immense carcasse d'éland qu'elle va trainer sur plusieurs dizaines de mètres pour la déposer à l'ombre. La pauvre mère va être freiner dans ses efforts par ses petits, s'agrippant à la tête du cervidé...

Âmes sensibles s'abstenir car les lionceaux aiment à s'introduire dans les entrailles de la bête...

Voilà, après 90 minutes passées à admirer cette scène digne de National Geographic, nous choisissons de laisser notre tribu à la masse de voitures commençant à s'attrouper autour de nous, pour aller jeter un oeil un peu plus loin, là où gisent les nombreuses carcasses d'élands observées hier.

Après la traversée de route d'une tribu d'autruches, nous croisons une lionne en train de demander poliment à une hyène de quitter son territoire...

Le duel westernien dans toute sa splendeur...

... sous les regards aguerris d'une bande de spectateurs 

Enfin, pour clôturer ce séjour dans le parc du Kgalagadi, et par la même occasion ce long article sans doute trop fourni en images, je vais vous en rajouter quelques unes, car notre dernière rencontre vaudra son pesant de cacahuètes !



Il nous faudra 2 jours de route pour nous remettre pleinement de nos émotions et rejoindre nos prochains parcs, dans la région du Limpopo, au nord de Johanesbourg.

Suite du voyage: la province du Limpopo, c'est par ici