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Lumières de Snæfellsness

Eglise de Borgarnes
Eglise de Borgarnes

Les jours passent et raccourcissent, les semaines défilent à toute vitesse et à peine rentrés d'un week-end dans le pays, nous voici repartis. La pluie nous a fait croire quelques jours qu'elle allait nous laisser tranquilles, mais ce n'était qu'une illusion pour mieux nous replonger dans la pénombre des nuages sombres.

Et pendant que la féerie de Noël s'empare de la capitale, l'enveloppant dans une couverture de guirlandes et de lampions, le ciel nous offre en avant première son cadeau de Noël, ses lumières à lui, qu'il fait danser au-dessus de nos têtes lors des fraîches nuits hivernales. Oui, après plusieurs semaines d'absence, les aurores sont revenues.

C'est sur le trajet pour Borgarnes, après une soupe d'agneau bien chaude, que nous les avons rencontrées à nouveau. Alors, à l'abri de toute pollution lumineuse, nous roulons à l'extérieur de la ville pour nous retrouver dans la pénombre de la campagne islandaise..


Le lendemain cap vers la péninsule en commençant par le nord, et ses villages de pêcheurs reconvertis pour accueillir les touristes que nous sommes. Heureusement la péninsule n'a pas encore subi de plein fouet cette arrivée massive des deux dernières années, et nous profitons encore de la quiétude hivernale qui règne à travers les petits ports côtiers, beaucoup moins animés qu'en été. Stykkisholmur, par exemple, jouit d'un cadre superbe, théâtre des allers et venues du ferry qui part sur l'île de Flatey et dans les fjords de l'Ouest. Ici on est face à d'innombrables petites îles qui, paraît-il, auraient servi à Erik le Rouge alors en exil pour cacher ses bateaux en attendant son expédition pour le Groënland. Les lumières sur la péninsule sont superbes, le ciel est un magnifique sujet ultra photogénique.

Sur la route de Borgarnes à Stykkisholmur...

Imaginez vous un jour venteux d'hiver, dans un petit port de pêche aux maisonnettes colorées acrochées aux basses collines qui balayent le village, et ce rayon de soleil qui parvient par moments à faire sa percée à travers plusieurs couches de nuages plus ou moins grisonnants; une ambiance feutrée, peu de gens sont sortis, mais les murmures des discussions résonnent depuis les deux ou trois cafés qui ouvrent leurs portes à cette saison, offrant la chaleur et la convivialité de ces petits coins douillets où l'on vient de réchauffer. Cette ambiance, c'est celle que l'on découvre lors d'une petite visite de Stykkisholmur. 

Et à la sortie du village, tandis que nous dirigions vers l'ouest et la pointe de la péninsule, le ciel s'est chiffonné, s'est défoulé. Il s'est mis en bataille, en broyant du noir, mais en laissant aussi place à des parcelles de bleu océan. Les formes se sont déchainées et les nuages se sont bousculés. Le tableau d'une peinture à l'huile.


Le lendemain matin, nous visitons la grotte de Vatnshellir: un tube de lave de 8000 ans créé par l'éruption volcanique d'un cratère à proximité. Comme la lave s'est précipitée vers le bas de la colline en formant une rivière de lave, il a commencé à refroidir à la surface, créant une croûte sur le dessus de la rivière. Lorsque l'éruption s'arrêta, toute la lave du dessous cette croûte continua à s'écouler, ce qui a finalement laissé cette grotte se refroidir progressivement.

La visite débute par un gentil petit escalier en colimaçon de l'époque post Napoléonienne (si on réfléchit, c'est pas faux) qui nous mène à 35m sous la surface terrestre, une broutille pour Jules (Verne) qui a imaginé son Voyage au Centre de la Terre dans cette région même, sous le Snaefellsjökull.


La visite se prolonge à travers ces longs couloirs sombres et froids où seules les gouttes d'eau tombant au sol perturbent un silence glacial. Nous croisons des scultpures de lave aux formes assez étranges, que le guide ne manque pas d'attribuer à la présence de trolls bienveillants (ou pas), puis nous testons l'expérience du noir et silence absolu, avant de remettre vite la main sur nos lampes, tout simplement vitales dans cet endroit. Panne de batterie généralisée et on reste tous au cachot... une épreuve plutôt flippante je pense.

Le voilà ce fameux volcan que Jules Verne utilisa pour son Voyage au centre de la terre
Le voilà ce fameux volcan que Jules Verne utilisa pour son Voyage au centre de la terre

Le petit bout de côte sud autour de Budir et Arnarstapi

Du sommet enneigé du Snaefellsjökull aux montagnes de ryolithe, du ciel bleu se reflétant dans les mares bordées d'herbe jaune aux nuages rosés d'un soleil imposant, les couleurs et les lumières ne cessent de nous émerveiller. Au volant de notre voiture, les arrêts photo en bord de route s'enchaînent et le ciel nous dévore. Le petit village doux et calme d'Arnarstapi dévoile un minuscule port de plaisance sur fond de falaises déversant leurs fortes cascades dans les eaux froides de l'océan.

Et au détour de la route intérieure qui passe un col et retrouve la côte nord et Olafsvik, les lumières se surpassent pour nous offrir le plus beau théâtre de plein air.

Derniers panoramas autour de Olafsvik et Helissandur

Après notre premier passage sur la péninsule il y a deux mois, sous la pluie, nous avons eu la chance de découvrir cette fois une merveille de bout de terre entouré par un bel océan déchaîné. Le ciel aura, été durant ces deux jours, la pièce maîtresse d'un panorama sans cesse foudroyant d'une beauté puisée dans un répertoir infini de couleurs, de formes et de lumières. Enfin, nous avons eu l'Islande dans toute sa splendeur et avec ses plus beaux atouts.

Seul petit regret: la mer un peu trop enthousiaste pour nous laisser naviguer à la recherche des orques qui peuplent les eaux au large de la péninsule en hiver. Une raison amplement suffisante à une prochaine visite sur ces terres volcaniques.