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De glace et d'oiseaux - Sud

On part où ce week-end ? pas besoin de prévoir longtemps à l'avance, on a une chance sur deux de passer deux jours sous la flotte. Le plus intelligent est donc, pour ceux qui ne sont pas fans des journées déluge-paysages gris, de regarder le site météo (vedur.is, l'outil indispensable au randonneur) le mercredi et de choisir sa destination. Depuis Reykjavik, en deux jours, les choix peuvent paraître limités, mais c'est là toute la force de l'Islande: regorger de coins sauvages tout près de la capitale. En opérant de cette manière, on a déjà plus de chances de voir un bout de ciel bleu et de découvrir les paysages sous une lumière favorable, car là est tout l'enjeu de la question. 

Ce week-end, le soleil semblait flatter la côte sud. Alors, armés de notre matériel de camping, nous laissant libres comme l'air, nous partons explorer la région, qui ne finit pas de m'impressionner. Dès le vendredi soir, quelques heures seulement après avoir libéré mes yeux d'une semaine d'écran à se brûler le cerveau, nous atteignons la région de Vik, et plus particulièrement le promontoire de Hjörleifshöfði. Par je ne sais quel miracle, ce coin est encore totalement déserté des visiteurs. Et pourtant...


Cap sur Ingólfshöfði, terre de macareux

En marge de la route n°1, à hauteur de Oraefi, se trouve un autre promontoire à l'apparence rocheux mais composé surtout de sable, et accessible en traversant une zone de marécages, d'eau et de sable. Pour ce faire, une petite agence d'excursion propose d'emmener les visiteurs à bord d'un tracteur flanqué d'une grosse remorque à l'arrière, aux pneus largement dimensionnés pour franchir les cours d'eau et ne pas s'embourber dans ce sol pour le moins meuble.

Ce site, outre sa beauté sauvage, a pour intérêt d'être l'un des meilleurs sites d'observation des macareux, qui nichent sur les falaises à la saison estivale (mai-août).

Nous avons testé.

Phare d'Ingolsföfdi
Phare d'Ingolsföfdi

Excursion vraiment sympa dans un cadre inaccessible autrement qu'avec ce gros tracteur, qui combine la balade agréable au sommet du promontoire (qui fait face, il faut le préciser, au Vatnajökull) et l'observation des macareux peu farouches.

Les marécages traversés à l'aller et au retour sont particulièrement photogéniques lorsque nuages et percées de lumière sont au rendez-vous, car la fine couche d'eau alternée au sable donne un reflet parfait aux nuages. Je n'ai pas réussi à en tirer quelque chose malheureusement...beaucoup de progrès à faire encore !


Fjallsárlón

Le Vatnajökull impose le respect. Couvrant 8% de la superficie du pays, ce glacier, aujourd'hui intégré au parc national éponyme, est omni-présent lorsque l'on longe la route n°1 dans la partie sud-est de l'Islande. Des langues et lagunes glaciaires à perte de vue ponctuent un panorama très vert l'été, tout blanc l'hiver. La contemplation est l'activité principale de la région, même si, malheureusement, zodiacs et autres moteurs viennent polluer les lieux, tant au niveau sonore qu'écologique.


Jökulsárlón

S'il est un site qui règne en maître en terme de beauté, bien que victime de son succès, c'est bien le Jökulsárlón. Déjà largement évoqué sur mon blog car il est l'incontournable d'un périple sur la côte sud, je ne m'en lasserai jamais, à moins que le tourisme ne le dévore tout cru, et le feu a déjà relativement pris. Mais, encore une fois, il est toujours possible de découvrir le site sans être dérangé. L'astuce ? marcher plus de 3 minutes, et ne pas se garer sur le parking principal. Ici, la lagune est tellement vaste qu'il est possible de marcher en suivant la rive sud et ouest pendant plus d'une heure (voire plus, je ne suis pas allé jusqu'au bout). Et plus on s'éloigne du parking, moins on est dérangé par les selfies et autres comportements étranges sortis de la masse.

Ici, les dégradés de bleu se perdent au milieu des glaces. Et puis, aujourd'hui, un ciel menaçant renforce le contraste de manière saisissante.

De l'autre côté de la route, une longue plage de sable noir accueille les gros blocs de glace qui ont lentement dérivé le long du chenal, ont terminé dans la mer avant d'être rabattus par les vagues. Les lumières transpercent la glace, les reflets sont omniprésents dans le ressac laissé par la mer qui se retire du sable volcanique.

Quelques phoques font le spectacle dans les vagues


Svinafellsjökull et ses voisines


Le temps d'un week-end, et combien d'images en tête, de moments de contemplation, de sensations de liberté et d'humilité face à cette nature implacable. Rien de tel pour s'échapper du quotidien, se vider l'esprit pour l'emmener vagabonder au grand air. C'est ça, le gros avantage de l'Islande.