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Gorilles dans la brume: voyage en Ouganda 3/3

La route séparant Queen Elizabeth de la forêt de Bwindi est tout simplement exceptionnelle: serpentant au milieu des collines sur lesquelles s'agrippent plantations de thé et petits villages aux bûchers fumants, le vert nous encercle totalement. Par endroits, les dos des paysans plongés dans leurs champs, portant d'immenses paniers d'osier pour y déposer les feuilles récoltées. Sur le bord de la route, les enfants se précipitent à notre rencontre. 

Curiosité d'abord, intérêt ensuite. Ils savent que nous aurons probablement des biscuits ou des bouteilles d'eau à leur laisser. 

Bien sûr, nous ne manquerons pas de croiser quelques animaux, petits... ou un peu plus gros. À la sortie de Queen Elizabeth, nous avons dû attendre qu'un mastodonte aux longues ivoires ne nous laisse un peu de place pour passer. Le scooter derrière attendait la même chose, avec probablement un peu plus de sueur...

 

Plus loin, des petits singes viendront annoncer l'arriver de la forêt, en attendant de croiser leurs ainés de taille.

Colobes
Colobes
Ceux-ci sont des cercopithèques, bien sûr !
Ceux-ci sont des cercopithèques, bien sûr !

Avant d'aller rencontrer les gorilles, nous partons faire un tour des communautés qui vivent à la lisière de la forêt, au milieu des plantations. Nous tombons sur un groupe de gamins jouant au football dans un champs occupé par des chèvres. Leur ballon est artisanal: une boule de sacs plastique ficelés au mieux. Alors quand on leur annonce qu'on va leur trouver un vrai ballon, ils sont fous de joie. On partage un peu de temps avec eux.

Ces petits étaient en centre aéré et nous avons eu la surprise d'être chaleureusement accueillis par des danses et chants de bienvenue. Des dizaines de larges sourires sur les visages animaient les corps en quasi-transe.


Un peu plus loin dans le village, notre guide nous fait entrer dans le "pub" de la ville, une petite maison en terre pourvue  de quelques bancs qui longent les murs. Une jeune femme nous sert un breuvage on ne peut plus local, et une maman accompagnée de son enfant s'installent face à nous. La lumière s'invite délicatement sur le visage de ce dernier, et je ne résiste pas à l'envie de capter cet instant, avec sa permission bien sûr. Résultat cocasse: le petit se met à fondre en larmes et sa maman le prend dans son grand drap pour le consoler. 


Face à face avec les gorilles

Bwindi Impenatrable forest. 

Si les gorilles des montagnes viennent d'apporter une bonne nouvelle, avec un recensement de leurs nombres d'individus en hausse, dépassant la barre des 1000, il n'en reste pas moins un animal ô combien menacé d'extinction. Déforestation et braconnage figurent bien entendu dans le top de la liste des menaces.

En Ouganda, comme au Rwanda et au Congo (RDC), les efforts de préservation mettent en danger la vie de centaines de rangers.

L'Ouganda se targue d'héberger plus de la moitié des gorilles des montagnes vivant aujourd'hui dans la nature. La forêt de Bwindi est la principale zone où l'on peut les trouver, et celle-ci se divise en 4 sous-régions d'où s'effectuent les départs de trek pour approcher les grands singes (Buhoma, Ruhija, Rushanga et Nkuringo). Au total, une petite vingtaine de familles se laissent approcher facilement. Une petite partie est réservée aux chercheurs et scientifiques, les autres aux visiteurs. Ici, le permis coûte 600$ et permet de passer une heure auprès des gorilles. Le temps de randonnée pour les trouver dépend de l'endroit où ils se trouvent. Cela peut prendre 15mn comme plusieurs heures. La jungle est dense, et les machettes des rangers sont indispensables pour se frayer un chemin. Nous nous enfonçons tout doucement, l'oreille tendue et les yeux grands ouverts pour ne rien manquer des premiers instants...

La première rencontre, et pas des moindres, avec cet énorme dos argenté, planté au milieu de la végétation à une vingtaine de mètres de nous
La première rencontre, et pas des moindres, avec cet énorme dos argenté, planté au milieu de la végétation à une vingtaine de mètres de nous

Les petits ont une drôle de manière de monter aux arbres en mordant le tronc sans retenue. Une fois en haut, ils sont bien à leur aise !

Bon, il faut vous avouer: nous avons fait le trek deux fois (c'était prévu). Et nous avons eu raison, car le premier jour, nous étions trop nombreux dans le groupe (une grosse douzaine incluant les porteurs et rangers). La rencontre n'a pas été à la hauteur de nos attentes, car très difficile de bien se placer, dans cette végétation dense et avec ce groupe élargi, pour bien observer les gorilles. Nous avons donc demandé, pour le lendemain, d'être placés dans un plus petit groupe:  au final, nous serons carrément en mode privatisé, avec nos rangers dont le leader se nomme Augustin. Il m'avait promis une chance inouïe, nous l'avons eue. 

Alors que nous étions en train d'attendre qu'une des femelles du groupe descende de son arbre, un mal dos noir s'approche de nous, nous fixe attentivement pour nous jauger, et s'installe tranquillement sur une parcelle de sol dégagée de toute végétation, une fois la confiance instaurée avec nous. Quelques secondes plus tard, un tout jeune (2 ans selon les rumeurs) le rejoint pour jouer avec lui. Cette scène se déroule  à 1m de nous. Le bébé se serait même agrippé à ma jambe si le ranger ne m'avait pas demandé de reculer pour éviter tout contact physique, possiblement synonyme de danger pour le mâle observateur.

Ce qu'il y a de fascinant, hormis les regards qu'ils portent sur les éléments qui les entourent, aussi bien que sur nous, ce sont leurs mains et leurs pieds. Je me suis donc consacré à photographier avec la plus grande précision ces membres qui nous sont bien familiers.

Voilà une rencontre marquante. Ces gorilles totalement sauvages sont trop proches de nous pour qu'ils nous laissent de marbre. Nous avons senti une réelle aisance dans leur approche face à nous: ils nous ont offert ce moment de partage, de cousin à cousin, au milieu de leur territoire dense de végétation. Nous étions en visite chez eux et ils nous ont accueilli avec la plus grande des confiances. Magnifique.

 

Notre guide Augustin se devait de régaler son homonyme!


Lac Bunyonyi

 

 

Difficile de quitter la forêt et ses gorilles.

Mais le prochain site sera assez incroyable aussi. Pas d'animaux, mais un cadre insolite: un grand lac parsemé de petits îlots verdoyants, entourés de plantations en terrasse. Depuis notre nouvel hébergement, la vue est splendide.


Lac Mburo

Nous terminons ce périple magnifique par une ultime étape de savane. Et pour ce faire, notre guide nous a prévu un charmant lodge dominant la brousse, sous lequel les étoiles scintillent de mille feux pour honorer notre dernière nuit.

Ce parc héberge surtout des herbivores: multiples espèces d'antilopes, beaucoup de zèbres. Mais nous croiserons aussi quelques becs de vautours, des mangoustes ou encore une grande horde d'élans du cap et des impalas, très courants dans d'autres pays mais moins en Ouganda.


Je vous quitte sur ce dernier moment du voyage passé au milieu des petits vervets plein de malice et d'entrain, jouant avec le hamac et le mobilier de la terrasse.

 

J'espère que ce voyage vous aura procuré de belles impressions et que ces images vous auront émerveillés. 

 

Augustin