· 

Spitzberg, de glace et d'ivoire - 3/3

Morses en vue !

Sur la côte est de l'île du Spitzberg, dans le détroit d'Hinlopen, nous croisons enfin nos premiers morses.

Ces belles bêtes pèsent environ 1 tonne, soit deux fois plus que l'ours polaire ! Et leurs défenses d'ivoire peut mesure jusqu'à 70cm, voire 1m dans de rares cas.

Nous leur rendront visite en zodiac et à pied.

Du haut d'une colline, nous prenons 10mn de silence pour contempler le panorama qui nous entoure et qui se révèle alors bien plus que lorsque nous vaquons à nos occupations ou discutons. Maintenant, nous prenons conscience du silence parfait et de la pureté de cette nature non abîmée.

La brume arrive et encercle le bateau, tandis que nous sommes à terre. Heureusement, elle ne nous rejoindra pas.



Vol de guillemots
Vol de guillemots
Mouettes tridactyles
Mouettes tridactyles

Et plus loin, un autre groupe de morses. Enfin, surtout un duo de clowns grassouillets aux mimiques et pitreries interminables !


Negribreen

Un immense front de glace se dégage devant nous. Autour de nous, même. Negribreen est un glacier sacrément costaud, qui a surgé en 2017. C'est-à-dire que la plaque de glace qui recouvre la terre a glissé, comme sur des billes, pour avancer de 22 mètres par jour cette année-là !

 

Nous nous avançons avec le bateau avant de débarquer en zodiac pour aller faire un tour dans le "brash" constitué de glace pilée et d'icebergs de tailles et formes variées.

Ici, l'iceberg est roi...

...et il héberge parfois le Seigneur de l'Arctique

Oui, nous étions gentiment en train d'avancer en zodiac sur ces eaux glaciaires, lorsque l'ours nous est apparu à une trentaine de mètres, sur un iceberg imposant et irrégulier. Autant dire, la scène était irréelle, car même si nous étions pleinement conscients d'être sur ses terres, la surprise de le découvrir si proche de nous sans l'avoir aperçu avant fut totale. Et quelle beauté au milieu de ce monde bleuté !

Et c'est drôle car nous étions justement en train d'observer les mouettes ivoire, souvent annonciatrices de la présence d'un ours
Et c'est drôle car nous étions justement en train d'observer les mouettes ivoire, souvent annonciatrices de la présence d'un ours

Feu d'artifice final dans le Hornsund

Dernière journée de croisière, dernière tournée d'exploration. Ce matin, nous débarquons sur terre à l'entrée du Hornsund, le plus méridional des fjords de la côte ouest du Spitzberg. Ce sera aussi pour moi l'occasion d'effectuer ma première sortie zodiac en tant que guide et donc pilote. On débarque les passagers du bateau, on les mène sur la plage pour les faire débarquer, et j'aurai même la charge d'aller promener en zodiac deux passagers ne voulant pas randonner. Histoire d'aller guetter que l'ours ne rôde pas dans le coin. Nous aurons la liberté, l'air frais, les icebergs et le calme pour nous seuls.

Sur la terre ferme, les autres observeront un couple de renardeaux déambuler autour de leur tanière. Mais, pour une fois, je ne regrette rien !

Dans l'après-midi, nous pénétrons tout au fond du fjord pour arriver devant le glacier Paierlbreen. Beau front de glace, rendu visite par un troupeau de bélougas.

Et, comme nous avons débuté notre croisière par l'observation magique d'un ours sur une carcasse de cachalot, nous terminons ce périple par une autre rencontre tout aussi belle. Comme si le maître des lieux venait nous saluer.

D'abord, nous l'avons repéré au milieu des glaçons, en train de nager en nous jetant furtivement quelques regards. Il est clair qu'il nous avait repérés bien avant nous. Espérant le voir sortir de l'eau en abordant les plus gros blocs de glace dérivant, il n'en fut rien, et nous l'avons suivi de loin durant une bonne demi-heure (voire plus) à bord de nos zodiacs qui se rafraîchissaient à mesure que le soleil se cachait derrière le fjord. Finalement, l'ours mis fin à nos attentes et débarqua sur la plage où nous observions ce matin même les renardeaux...

...puis il s'avança vers le névé...pour se rouler dedans et se nettoyer de la terre qui le barbouillait

Enfin propre, il se dirigea sereinement vers le prochain névé...sans se douter que celui-ci était parsemé de petites crevettes roses...

Sacré plantigrade !

En tout cas, il nous aura régalés de jolis moments en sa compagnie, et c'est avec toutes ces images en tête que nous ré-embarquons sur le bateau pour nous diriger vers Longyearbyen et terminer cette boucle de 10 jours de navigation, intenses en découvertes et riches en rencontres animalières.

Quant à moi, me voilà formé à guider. L'année prochaine, je serai dans le grand bain.

Je conseille à tous les amateurs de grands espaces cette destination. Encore totalement sauvage lorsque l'on quitte la capitale, l'impression d'explorer des territoires vierges est encore très vraie. En espérant que cet archipel ne devienne pas la cible des dirigeants mégalomanes et climatosceptiques de notre planète.


Si vous avez aimé découvrir ces articles, n'hésitez pas à me mettre un commentaire en bas de page. Ça mange pas d'pain, comme dirait l'autre.