Pyrénées à la verticale : lacs d'altitude

Entre deux confinements, j'ai une fenêtre de tir pour aller respirer l'air basque. D'abord iodé au vent de l'Atlantique, puis, pendant 4 jours, plus frais au bord de lacs perchés sur leurs reliefs encore enneigés. Je retrouve Jérémy, mordu de photo aérienne également. Nous sommes fin mars, et le temps est presque estival. Les paysages ne sont pas encore vert-pomme là-haut ; la neige domine au-dessus de 1850m d'altitude, et plus bas, les arbres sont sans couleurs. Seuls les épineux des hauteurs parviennent à éclabousser de vert les pentes raides de ces sommets colossaux.

Notre escapade est ciblée sur les lacs d'altitude, et nous espérons tomber sur de petits joyaux émeraude ou turquoise. Avant toute chose, Google Satellite nous laisse faire notre petit repérage, bien aidé par le mode "relief" qui nous permet de connaître l'horizon de nos plans aériens.

Sur notre route, nous croisons le chemin d'un cirque célèbre, et décidons de nous y engouffrer...

Ici, la glace craque et gronde, ou alors elle fond et tombe en filet procurant au soleil l'envie de fabriquer sa palette de couleurs préférée glissant contre la roche au milieu de la cascade formée.


Plus loin, dans le massif du Néouvielle, nous sommes confrontés à trop de choix concernant les visites de lacs: ils sont trop nombreux, petits et grands, en haut ou en bas, saphir ou émeraude, accessibles ou paumés dans les reliefs...

Nous tentons notre chance pour une randonnée qui s'avère tranquille malgré les 600m de dénivelé.

Tranquille pour l'été...

 

Après 1h de marche sans problème le long d'un ruisseau grimpant dans une vallée rocailleuse, le verdict tombe: pour aller jusqu'au lac, la montée est raide mais surtout, totalement immaculée d'une neige dont on ne connaît pas la nature là-haut. Tant pis, quittes à être arrivés là, nous devons le tenter... en haut, nous serons récompensés par une couleur éclatante, quelle qu'elle soit...

Quels idiots !! 

Ben évidemment, le lac est à plus de 2000m, on savait bien pourtant que la neige s'accrochait déjà à cette hauteur là. 

Tant pis pour nous, c'est quand même beau et on s'amusera bien à voler le long des crêtes et au-dessus des rives de ce plan d'eau, qui offrent un ruban de vert translucide.

Pendant 4 jours, nous allons être perturbés par un ciel étrange, très voilé, laiteux, comme aveuglé lui-même par un soleil trop puissant. Nous apprendrons plus tard qu'il s'agissait d'un nuage de poussières venant du Sahara. Pour preuve, nous pouvons clairement distinguer ce sable drainé par le Sirocco et s'accrochant aux reliefs du massif.

Finalement, nous aurons passé une journée ensoleillée, seuls au monde au bord de ce lac, et seules nos batteries auront eu raison du froid - modéré vu l'altitude -. Bon, nos chaussures termineront légèrement humides quand  même, surtout après une descente en mode snowboard - sans planche-.


Côté patrimoine, la région n'est pas en reste et nous dénichons quelques belles petites constructions...


Le lendemain, retour Into the wild. 

Nous ciblons un autre lac, plus accessible et plus bas, pour être sûrs d'avoir une couleur éclatante...

 

Malheureusement, qui dit accessible dit forcément plus convoité. Nous nous retrouvons sur un immense parking dont nous imaginons avec horreur la densité de visiteurs en été. En fait, il y a une cascade derrière le parking qui constitue le clou du spectacle. Et comme il n'y a pas besoin de faire d'efforts avec ses pieds, ça ramène du gros monde. Aujourd'hui, malgré la période hors vacances, en semaine et en mars, nous croisons pas mal de promeneurs. Normal, vu la beauté du lieu. Mais avant d'y arriver, il nous semble avoir aperçu, en contrebas du sentier forestier, un petit plan d'eau pas vilain. Ni une ni deux, nous chevauchons quelques branches tombées, et nous retrouvons devant...

Nos drones virevoltent joyeusement au-dessus de cette nature sauvage et colorée

C'était non sans peine que nous reprenions le chemin, essayant de garder un peu de batterie pour le lac principal qui nous attendait un peu plus haut dans la vallée. 

Arrivés sur la rive sud, petite pause pique-nique pour profiter de la vue, mais très vite, on cherche du recul... et un spot plus à l'écart des nombreux randonneurs venus profiter d'une belle journée ensoleillée pour bronzer devant le lac. De l'autre côté, la vallée continue le long d'un ruisseau qui grimpe à travers la rocaille, les sapins, et des premières plaques de neige... au bout, il y a une jolie cascade, et un panorama somptueux sur le lac en contre-bas. 

Et aux jumelles, plusieurs chamois semblent défier les parois rocheuses qui nous dominent...

Magnifique endroit !! quelques petits clichés pris en chemin...


Allez une ptite dernière pour la route, avant de retrouver la civilisation. On va tester un autre coin, encore tout au bout d'une vallée très encaissée où trône un joli lac, paraît-il. 

Mais nous arrivons juste un peu tôt, alors que le soleil n'est pas encore passé au-dessus des sommets. Du moins, pas de notre perspective à nous, terriens à deux pattes. Car le drone, lui, a bien réussi à aller le chercher par delà les montagnes. On aperçoit la vallée avec notre lac à droite, encore dans l'ombre.

Ci-dessus c'est le lac principal de la vallée, terminé par un barrage, où l'on s'arrêtera au retour.

Et ici notre lac qui ressemble à un gros têtard cherchant à se diriger vers le fond de la vallée:

Sans oublier la petite cascade qui va bien avec le décor et qui nous a permis de perfectionner nos techniques de captation vidéo, d'améliorer nos plans.

Allez après plusieurs heures passées dans ce cadre bien sauvage où seul un ours brun pourrait venir nous embêter, nous redescendons avec moins d'un litre d'essence dans la voiture pour espérer trouver une station avant qu'elle ne s'assèche totalement. Nous trouvons quand même le moyen de nous arrêter pour un petit survol du "lac au barrage" !


Retour au pays du jambon, sur la côte Atlantique, après 4 jours de randonnées et de survols de lacs d'altitude. Peut-être que la saison n'était pas la meilleure pour obtenir les plus beaux rendus (arbres nus et lacs gelés) mais quelques magnifiques panoramas et des balades sportives à l'air de la montagne nous auront régalés. Les Pyrénées, on ne demande qu'à y retourner ! Tellement de belles vallées méconnues, de refuges qui ne demandent qu'à être squattés, de covid à déserter... et de paysages à survoler !