La Chine (et Hong Kong)

Quelle étrange sensation que celle qui m'a occupé l'esprit à mon retour de Chine la première fois, et qui est réapparue à la suite de la seconde. J'avais l'impression d'avoir voyagé sur une autre planète, dans un autre monde, lors d'une vie antérieure. Le choc des cultures est tellement puissant qu'on en revient un peu transformé, souvent marqué en tout cas. Pour ma part, je me souviens d'avoir eu du mal à m'acclimater à ce milieu, de m'être dit que ce n'était vraiment pas le style de culture qui m'attirait ni la population qui me fascinait. Il faut dire que l'Empire du Milieu fait souvent jaser dans les domaines de l'écologie, de la politique (ne parlons pas de la question tibétaine...) ou des échanges commerciaux, mais il ne faut pas limiter sa vision à ce tableau sombre, car la Chine dévoile aussi de fascinantes facettes; je vous invite à en découvrir quelques unes à travers cette sélection de clichés. De la Grande Muraille aux grattes-ciel high-tech de Hong Kong en passant par les pandas du Sichuan et les montagne sacrées, j'espère que vous retrouverez un peu du dépaysement que j'ai vécu durant mon périple.

 

C'est alors que le mot "immensité" prenait toute son ampleur. Au bout d'un chemin escarpé traversant les champs de canne à sucre, les premières pierres de la grande muraille nous envoyèrent un frisson. Nous y étions. Dans une zone totalement désertée et fermée au grand public, nous allions fouler la plus grande construction humaine au monde et par la même occasion plonger au cœur de l'histoire de l'Empire du Milieu. Le petit matin enveloppait d'une brume régulière les crêtes accidentées des montagnes chinoises sur lesquelles ondulait la muraille. Seuls au monde, nous pouvions jouir de cet instant unique sans être entourés par l'habituelle foule de visiteurs, grouillant dès l'aube aux quelques portes d'accès principales. Le silence de la campagne n'était rompu que par le souffle des premiers ouvriers venus réparer la section détruite en transportant les lourdes pierres sur leur dos.

 


Le Tibet.

J'ose exposer le Tibet indépendamment de la Chine. Pourquoi ? pour rendre hommage à la culture tibétaine, qui n'a rien à voir avec celle du géant asiatique. Pour libérer l'âme tibétaine des griffes du tigre voisin. Car si le chemin de fer reliant les deux régions a déversé des flots de travailleurs chinois cette dernière décennie, si les militaires s'imposent toujours autour de Lhassa, si le Dalai Lama reste un sujet tabou dans les rues de la capitale et si les monastères sont contrôlés par le gouvernement chinois, il subsiste pourtant une flamme tibétaine qui réchauffe les contreforts de l'Himalaya et veille sur les toits du Potala. Nulle part ailleurs je n'avais ressenti cette ferveur spirituelle que propagent les fidèles lors de leur rituel quotidien autour des monastères. Moulins à prières, tiges d'encens, dons aux divinités bouddhiques, prosternations collectives devant les statues vénérées, bousculade en état de transe...j'ai appris que le bouddhisme n'était pas une religion mais une raison de vivre qui conditionne l'Etre et purifie l'esprit.

Mais le Tibet c'est aussi une région sauvage et déserte. La roche est partout, la montagne aride laisse timidement la neige s'installer sur les sommets, et les lacs sacrés exhibent leurs reflets turquoises exceptionnels auxquels s'ajoutent les couleurs vives des fanions de prières étendus sur les rives. Retour en images.

 

C'est alors qu'au bout d'une longue nuit froide et interminable, notre guide nous réveilla pour aller assister au lever de soleil sur le Mont Everest. Mais cela se mérite: à 6h du matin, par une température amplement négative, une courte randonnée nous emmène au point de vue remarquable qui lève les yeux sur le toit du monde. Et à 5200m d'altitude, chaque pas est à mesurer, chaque souffle est à contrôler. 30mn paraissent des heures. Emmitouflés dans nos anoraks et nos bonnets, quelques barres chocolatées pour nous donner des forces, nous grimpions impatiemment, laissant au campement ceux à qui l'altitude n'avait pas offert la meilleure des nuits.

Au bout de nos efforts, la récompense d'un moment de communion unique avec la nature surpuissante: l'Himalaya nous entourait, l'Everest nous dominait, et nous étions les seuls à en profiter.