Légère et brutale, sauvage et violente, déchaînée et douce. L'Australie ne manque pas de qualificatifs tant ses contrastes sont saisissants. Certes, avec une superficie qui recouvre 14 fois la France, la diversité peut s'avérer logique. Mais il suffit de rouler quelques centaines de kilomètres sur la côte est pour s'apercevoir que le pays des kangourous n'a pas besoin d'un tel espace pour offrir un changement de décor soudain. Ainsi, la route côtière nous plonge dans des eaux limpides baignées de sable blanc avant de nous enfoncer dans la jungle tropicale qui perle de gouttes d'eau fraîchement tombées. Violente douche écossaise qui anime la nature d'un soudain jaillissement des éléments. Le tonnerre déchaîne le ciel, les cascades déversent leur puissance, la terre tremble. S'ensuit un silence d'hiver, avant que la nature ne s'éveille à nouveau comme à l'arrivée d'un printemps.

Au large, le spectacle du récif corallien ne cesse de surprendre, avec ses formes poétiques qui surgissent des eaux peu profondes. La plus grande barrière de corail au monde abrite un incroyable royaume sous-marin, où 1500 espèces de poissons cohabitent. Une plongée, un survol ou une simple croisière... qu'importe la manière, la 8ème merveille du monde restera une découverte éblouissante que nulle autre formation marine ne peut égaler.

Au coeur du pays, l'Outback. Une immensité rouge. Rouge comme le sang des aborigènes qui peuplent ces terres depuis près de 40 000 ans. Rouge comme le ciel qui se couche chaque soir sur l'énorme monolithe sacré, Uluru, symbole du peuple aborigène. Ici, tout est isolé, tout est désert. La traversée du pays par la Stuart Highway a quelque chose d'intemporel, qui évince tout repère pour plonger le visiteur dans l'ambiance particulière du bush australien. Rude et sauvage, torride même. Une expérience d'immersion sans fioritures.

 

C'est alors que l'immensité du désert devenait notre terrain de jeu, notre maison, notre territoire. Toute une journée, nous avons roulé sur les pistes interminables de terre ocre au milieu d'une végétation rase et sèche typique de l'Outback. Toute une journée, nous étions les seuls aventuriers à explorer ces terres. Les kangourous nous ont accompagnés, par passages furtifs, ainsi que quelques émeus, sous leur gros manteau de plumes. Le soleil commençait à descendre dangereusement au-dessus de l'horizon, nous devions trouver rapidement notre dortoir. 10 mn plus tard, tout proche d'un petit bosquet d'arbres morts, la tente était plantée, le feu allumé. Les flammes dansaient au rythme de notre joie, et leur crépitement rendait le silence du désert plus fort; le soleil confondait sa lumière dans celle du bush plus rouge encore.

Trinquant d'une bière locale fraîchement conservée dans notre glacière, nous savourions cet instant de paix et de communion avec la nature. L'âme est heureuse quand elle se libère de ses chaînes.