Comment ne pas s'émerveiller devant les grands espaces que chouchoutent les parcs nationaux américains depuis la fin du 19ème siècle ? Comment rester impassible devant les geysers rugissants de Yellowstone, devant l'immensité de la faille sans fond du Grand Canyon, devant les inépuisables cascades de Yosemite ou les innombrables cheminées de fée de Bryce Canyon ? Non, je ne pourrai jamais m'en lasser. Chaque voyage se termine par la prévision du prochain. Un voyage bercé par le soleil, dont les apparitions du petit matin ne font qu'habiller du plus beau drapé les formations rocheuses du far west. Le soir, il tire sa révérence en embrasant le ciel de l'ouest d'une teinte couleur feu.

Les cliquetis des santiags fièrement chaussées par les indiens Navajos ou les cowboys du Wyoming se mêlent aux galops des chevaux sauvages pour une ambiance tellement typique des westerns de John Wayne ou des scènes du classique "Et au milieu coule une rivière"

Amis photographes, amateurs de lumières et de paysages sans fin, ce pays, vous devez le connaître. Façonné par les 4 saisons plus belles les unes que les autres, vous étoufferez sous le cagnard de la Vallée de la Mort, vous frissonnerez sous la neige du Colorado, mais vous serez ébahis par l'incroyable tableau naturel qui se dressera devant vous. Suivez-moi, les routes qui s'étirent au-delà de l'horizon nous appellent à vivre la liberté.

 

C'est alors que les caprices de Zeus envahirent le Dakota du Sud. 7h du matin, le réveil sonne. Après deux semaines de périples à travers les grands espaces du Wyoming, l'heure du retour est arrivée, notre avion décollera dans un peu plus de 3h. Mais bien vite en tirant les rideaux, nous comprîmes que les dieux Sioux voulaient nous garder un peu plus longtemps auprès d'eux. Une tempête de neige s'abattait inlassablement sur les motels usés qui rôdaient autour de Rapid City. Les voitures disparaissaient intégralement sous ce blanc immaculé et les congères bouchaient les entrées des établissements. Aéroport bouclé, vols annulés, électricité coupée, la ville plongeait dans un black-out total, nous laissant dans l'incertitude d'un retour proche. Deux jours durant, nous arpentions les couloirs sombres du motel dont les lanternes de sortie de secours clignotaient furtivement: lampe frontale harnachée sur la tête, nous nous trouvions en plein film d'angoisse, et n'avions aucun moyen d'y échapper. Dehors, le vent redoublait d'intensité, les voitures étaient piégées, le givre s'installait. Les quelques stations essence et fast food accueillaient les réfugiés venus se réchauffer ou se réconforter.

Au bout de deux jours, il nous fallut quitter la ville tant bien que mal pour traverser tout le Dakota du Sud et trouver un vol salvateur au départ de Sioux Falls.